CEDEAO entre crise politique et relance économique

Le sommet de la CEDEAO du 14 décembre 2025 à Abuja a marqué un tournant stratégique pour l’intégration économique régionale, avec des décisions clés dans les domaines du commerce, de l’investissement et de la souveraineté industrielle. Malgré un contexte politique tendu, les chefs d’État ont réaffirmé leur volonté de renforcer les dynamiques business à l’échelle ouest-africaine.

 

Réuni en urgence à Abuja, le 68ᵉ sommet de la CEDEAO s’est tenu dans un climat marqué par les crises politiques en Guinée-Bissau et au Bénin, ainsi que par la montée du terrorisme régional . Mais au-delà des enjeux sécuritaires, les dirigeants ont mis l’accent sur la nécessité de redonner du souffle à l’intégration économique, considérée comme levier de stabilité.

 Renforcement de la ZLECAF

  • La CEDEAO a réaffirmé son engagement envers la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), avec pour objectif d’accélérer la mise en œuvre des protocoles douaniers et logistiques.
  • Cela vise à fluidifier les échanges intra-africains, réduire les barrières tarifaires et créer un marché commun ouest-africain plus attractif pour les investisseurs.

 Soutien aux chaînes de valeur régionales

  • Le sommet a validé un plan d’action pour développer les chaînes de valeur agro-industrielles, notamment dans les secteurs du lait, du cacao et du textile.
  • L’objectif est de favoriser la transformation locale des matières premières et de réduire la dépendance aux importations.

Investissements dans les infrastructures stratégiques

  • Les chefs d’État ont appelé à mobiliser des financements publics et privés pour combler le déficit en infrastructures (routes, énergie, digital).
  • Des partenariats avec la Banque africaine de développement et des fonds souverains ont été évoqués pour soutenir les corridors commerciaux et les zones économiques spéciales.

 Digitalisation et inclusion financière

  •  Les avancées numériques en Guinée et au Sénégal ont été salués, et la création d’un fonds régional pour l’innovation digitale a été proposé.
  • Une initiative pour l’interopérabilité des systèmes de paiement mobile entre les pays membres a été lancée, visant à faciliter les transactions transfrontalières.

Vers une CEDEAO économique plus résiliente

Malgré les tensions politiques, Il s’agit de montrer une volonté claire de refonder la CEDEAO sur des bases économiques solides. Trois axes se dessinent :

  • Souveraineté industrielle : en misant sur la transformation locale, la CEDEAO veut créer des emplois et stabiliser ses économies.
  • Intégration commerciale : la ZLECAF est perçue comme un catalyseur pour dynamiser les échanges et attirer les capitaux.
  • Innovation et digitalisation : la montée des start-ups et des fintechs pousse à une modernisation des politiques économiques.

Mais ces ambitions restent conditionnées à la résolution des crises politiques, à la sécurisation des corridors commerciaux, et à une harmonisation réglementaire encore trop lente.

Un sommet de repositionnement

Ce décembre 2025 n’a pas seulement été une réponse aux urgences politiques. Il a aussi servi de plateforme de relance économique, avec des décisions structurantes pour le futur business régional.
La CEDEAO joue gros : sa légitimité, sa capacité à fédérer, et son rôle de moteur économique africain. Cette rencontre pourrait bien être le point de bascule vers une CEDEAO plus pragmatique, plus intégrée, et plus tournée vers l’avenir.